C’est d’abord le titre qui m’a happée. Nous sommes tous différents et nous sommes tous beaux. Je me suis dit c’est un livre que je dois lire aux enfants. Je les ai attendus, à la fin des classes, et le livre de Valérie Harvey, des poèmes de Misuzu Kanéko qu’elle a traduits et qui sont ici illustrés par Rieko Koresawa, reposait sur l’édredon fleuri de mon fils, un édredon que sa grand-mère a oublié une fois, de passage, et que nous gardons comme une étreinte. Je crois que je suis la seule à me rappeler que cet édredon est un oubli.
Je leur ai lus la présentation que Valérie Harvey fait des poèmes de l’artiste japonaise très connue dans son pays. Après, je les ai laissés choisir ce qu’ils voulaient lire. Tous les poèmes se retrouvent en français et dans leur langue originelle. Ma fille a tenté de lire en japonais. Elle était amusée. Les poèmes n’avaient alors plus de sens; c’était un jeu avec les mots, un jeu de découvertes, mais même en les lisant en français, il lui fallait se demander qu’est-ce que ça signifie, pour elle. Des poèmes comme des cadeaux, comme une ouverture vers ailleurs mais aussi au plaisir de comprendre quelque chose à la fois de défini et d’indéfini.
Misuzu Kanéko est une artiste au destin tragique, morte avant trente ans, en 1930, mais un de ses poèmes est une œuvre phare pour les survivants du tsunami de 2011. Il avait été projeté sur écran, comme une annonce invitant à la solidarité et à l’espoir. Valérie Harvey, une auteure passionnée du Japon, qui a signé plusieurs livres et vidéos au sujet de ce pays, heureuse d’avoir traduit une partie de l’œuvre de Misuzu Kanéko, a accepté de répondre à mes questions.
Comment est né ton intérêt pour le Japon?
VH : Quand j’ai débuté les cours de langue japonaise. Je faisais un certificat en langues modernes, et j’avais des cours d’anglais, d’espagnol, d’allemand et d’italien, mais quand j’ai découvert le japonais, ce fut un coup de coeur! J’aimais la sonorité, les voyelles nombreuses… Comme je chante aussi, l’harmonie des sons est très importante pour moi!
Mais ce qui me fait continuer le japonais, ce sont maintenant les liens que j’ai noués avec les gens là-bas. Parce qu’ils sont importants pour moi, je veux être capable de les comprendre, de discuter avec eux.
Qu’est-ce qui t’impressionnes le plus du Japon?
VH : C’est une culture de respect, de fidélité aux liens qui m’impressionne. Ça a des aspects négatifs aussi, mais on oublie à quel point c’est doux également pour le coeur de recevoir une réponse quand on pose une question, d’être écouté et répondu quand on écrit un courriel à un ami. Disons que je n’ai jamais eu des amitiés par correspondance qui ont duré aussi longtemps! 🙂
Qu’est-ce qui t’a donné envie de partager les poèmes de Misuzu Kanéko?
VH : Après ma première année au Japon, ma professeure m’a offert un livre de ces poèmes en me disant que je pourrais comprendre ces poèmes pour enfants maintenant. Le regard sur les petites choses et l’émerveillement tout simple de la poétesse m’ont tout de suite happée. J’étais surprise de découvrir qu’elle n’avait jamais été traduite en français!
Quel est ton poème préféré?
VH : Le premier « L’oisillon, la clochette et moi » qui a donné son titre au livre. C’est le poème le plus célèbre de cette poétesse et c’est aussi son plus actuel, même si elle a écrit cela il y a cent ans! Ça montre une grande ouverture à la diversité des personnes, j’adore!
Est-ce que tu écris des poèmes aussi?
VH : J’écris des poèmes oui! Qui deviennent des chansons ou qui ponctuent certains de mes romans d’aventure (Les Fleurs du Nord, L’Ombre du Shinobi), un peu comme Tolkien dans Lords of the Rings.
Quels sont les autres artistes qui t’inspirent?
VH : Masayuki Kôjô, artiste-calligraphe de dessins de guerriers, est fantastique! Il a fait la couverture de mon roman L’Ombre du Shinobi! Sinon il y a la mangaka Kaoru Mori qui sait raconter des histoires sensibles si bien dessinées!
Au Québec, j’adore les romans d’Aki Shimazaki, Japonaise qui habite au Québec depuis de nombreuses années!