Je suis entrée dans sa classe. Elle était de dos, assise sur une table en bois. Je ne me suis pas avancé. Je l’ai regardée sortir de sa boite à lunch une barre tendre au lin et au miel.
Elle l’a déposé, pour ensuite refermer la boite papillon rose et bleu, puis l’a repoussée, sur le côté.
Son petit frère l’a pointée et il s’est dirigé vers elle.
Je crois que moi, je suis restée dans le cadre de la porte, à les regarder, un moment, quelques secondes, quelques secondes à les regarder, à m’effacer de leur douceur et de leurs retrouvailles.
Il lui a fait coucou. Elle l’a regardé. Elle avait encore une barre tendre dans une main. Elle lui a souri, franchement, la bouche grande ouverte de surprise et de joie, puis s’est retourné. Elle a crié maman.
Je ne l’ai pas embrassée tout de suite. Je me suis penché, ses cheveux de feu presque éteint, de feu de brindilles, de feu gentil, ses cheveux de feu pour les guimauves et les calins, contre ma poitrine.
Plus tard, au parc, elle m’a parlé de dinosaures, d’une nouvelle copine et elle avait des mots et des yeux de grande fille.