Le matin il hésite entre manger son petit-déjeuner au lit, ce que je lui permets parfois, et s’asseoir à table. Il me demande une chocolatine. Il me demande de la réchauffer. Il me remercie pour tout. Je lave la vaisselle, les cheveux mouillées, dans la robe de chambre de son papa, en espérant pas la tacher du dernier jour de mes menstrues.
Mon fils me demande timidement s’il peut me dire quelque chose. Il sort de table et vient vers moi. Il me raconte qu’un ami l’a traité de poule mouillée parce qu’il y avait du rose sur son t-shirt à motifs de camouflage, hier. Je me mets à sa hauteur et je lui demande comment il s’est senti. Il était triste. Pas en colère. Triste. Il a quand même dormi dans ce t-shirt. Il le remettra aussi j’espère.
Sur le chemin vers l’école, il m’a aussi dit qu’il ne voulait plus prendre de cours de ballet, l’automne prochain. Je lui ai dit que je l’aimais, et mon cœur s’est un peu balancé entre ses rêves et les miens, son corps de danseur et sa grâce et les crêpes que je mange pendant qu’il est en classe et comme il est bien, après, comme si se battre avec son propre corps pour montrer quelque chose le soulageait de beaucoup. Il ne veut plus.