La semaine dernière, en passant devant l’église près du parc d’hiver que nous fréquentons deux fois par semaine, ma fille m’a dit que Jésus était son ami parce qu’il voulait que tout le monde s’aime et qu’elle allait le dire à Son Père et qu’Il serait heureux et le dirait à Jésus et peut-être que Jésus allait faire d’elle sa reine et lui donner une licorne.
J’ai oublié d’ouvrir la télévision à Pâques et de lui montrer les heures interminables d’oliviers, de disciples, de louanges, de méfiance et de Jésus sur la croix que je me forçais à écouter, petite.
Elle en sait tout de même beaucoup, elle sait que Jésus aime tout le monde et qu’il voudrait que nous aimions tout le monde, même si ma fille n’aime pas les méchants et même si moi je voudrais aimer tout le monde, je l’ai longtemps dit que j’aimais tout le monde, mais là, sauf les gens qui commentent des articles du Journal de Montréal, en se trompant d’ennemi, en se trompant de valeurs, en vantant leur liberté au détriment de celle des autres.
J’ai une amie qui porte le voile et qui n’a pas osé sortir de chez elle pendant plusieurs mois, l’an dernier. Elle ne mangeait plus. Elle vomissait son anxiété. Elle avait peur d’être attaquée, elle avait peur que son voile soit arraché, son voile qu’elle porte, le tissu qu’elle porte sur ses cheveux parce qu’elle peut bien porter ce qu’elle veut, que ça représente quelque chose de fort pour elle, que ça ne représente rien du tout pour les autres, que ça ne représente rien du tout pour les autres, pourquoi pas, mais que ça ne représente pas des faussetés, vous ne la connaissez pas, je ne la connais pas tant que ça, mais son voile, elle le porte, devant vous, et elle sourit et quand je la vois j’ai envie de pleurer parce que ses yeux brillent tout le temps.
À Pâques, j’ai pensé à elle, et je l’ai croisée le lendemain, et j’ai été rassurée.